Le parcours de Tom et Nathan Lévêque : d’étudiants à éditeurs

Tom et Nathan Lévêque ont étudié à l’IUT Bordeaux Montaigne ; aujourd’hui, ils rencontrent un fort succès grâce à la parution du premier guide de littérature pour adolescent : "En quête d’un grand peut-être"

Entretien

Tom et Nathan Lévêque nous font part de leurs parcours, de leurs expériences, et partagent quelques conseils pour bien aborder les métiers du livre.

Quel a été votre parcours universitaire ?

Nathan Lévêque : Nous avons tous les deux fait un DUT métiers du livre* à l’IUT Bordeaux Montaigne avec la spécialisation édition-librairie, de 2014 à 2016. En deuxième année, nous avons choisi des spécialités différentes, Tom a choisi le parcours édition et j’ai opté pour librairie. Nous avons continué nos études à Paris où j’ai fait une licence professionnelle chef de projet communication.

Tom Lévêque : J’ai fait une licence professionnelle dans l’édition à Paris et j’ai poursuivi avec un master commercialisation du livre et politique éditoriale. 

* Suite à la création du Bachelor Universitaire de Technologie en trois ans, le DUT en deux ans n’est plus proposé à la rentrée 2021.

Quel a été votre parcours professionnel ?

Nathan : Après ma licence, j’ai continué à travailler quelques mois dans l’ensemble de librairies où j’avais fait mon apprentissage (Le Merle moqueur, La Mouette rieuse et Le Gai Rossignol). Je m’occupais de leur communication et des événements publics. Depuis trois ans, je travaille pour le site Internet Babelio.

Tom : J’ai fait mon apprentissage en licence pro et en master dans la même maison d’édition qui s’appelle "Talents hauts". Ensuite, j’ai eu un poste d’assistant éditorial dans une autre maison d’édition jeunesse. Depuis le début de l’année 2021, je me consacre aux Éditions du Grand Peut-être et à l’écriture.

Que vous ont apporté vos études à l’IUT Bordeaux Montaigne ?

Tom : J’ai le souvenir de deux années très intenses, parce que le DUT métiers du livre, équivalait quasiment à une prépa. Mais j’ai beaucoup apprécié le fait d’avoir un enseignement général vaste avec de la littérature, de l’histoire de l’art, des cours d’esthétique ou de sociologie pour nous donner un bagage culturel important. Ce n’est pas toujours le cas dans ce type d’étude.

On a aussi eu la chance d’avoir une équipe enseignante vraiment passionnée et une super promotion. On a lié des amitiés qui sont encore très fortes aujourd’hui, sans doute du fait de la petite taille de notre promotion.

Nathan : L’aspect exhaustif de la formation nous a permis d’acquérir de solides bases et une bonne connaissance des métiers du livre.

Vous êtes revenus à l’université pour quelques interventions, cette expérience vous a plu ? La notion de transmission est importante pour vous ?

Nathan : Oui, nous avons fait en juin deux journées de cours sur la communication digitale dans le monde de l’édition, et particulièrement sur le financement participatif à destination des étudiants de première année du master édition.

Tom : Avec le guide, nous avons eu une vraie volonté de transmission que l’on retrouve d’ailleurs dans la littérature jeunesse. C’est comme ça qu’on a conçu le guide qui est là pour ouvrir des portes et des pistes, arpenter des chemins… C’est un peu comme ça que nous avons pensé notre intervention en donnant des conseils, des bases pour aider dans la communication digitale et dans les réseaux sociaux. Il est très enrichissant de donner des cours, j’ai fait des interventions auprès d’adolescents qui étaient extrêmement contents d’avoir un espace de parole où s’exprimer. C’est aussi cela qui m’intéresse, cet espace de parole que l’on ne donne pas toujours aux adolescents et aux jeunes adultes.

La littérature adolescente/jeunesse est un domaine relativement neuf, la recherche universitaire s’en est-elle déjà emparée ?

Nathan : Nous avons écrit En quête d’un grand peut-être parce que nous voulions faire le guide que l’on cherchait sans cesse lorsque nous étions ados, mais aussi ensuite quand nous étions étudiants. La littérature ado est encore un peu méprisée par la recherche, car elle est jugée illégitime.

Tom : Nous avons pris conscience en écrivant ce livre qu’il y a très peu de sources sur la littérature adolescente. On compte sur les doigts d’une main les chercheurs et chercheuses qui travaillent sur ce sujet. Cela peut malgré tout s’expliquer par le fait que la littérature ado reste une discipline assez récente.

En tant que diplômés de l'IUT Bordeaux Montaigne, quel serait votre conseil pour les étudiants des métiers du livre ?

Tom : Je pense que ce qui est important c’est de garder sa singularité et de se faire confiance. L’édition est un milieu qui est en grand bouleversement (sur des questions comme l’écologie ou l’inclusivité) et la nouvelle génération peut être force de proposition. Il faut garder cette énergie, même s’il est parfois difficile de faire entendre ses opinions.

Nathan : Je rajouterais qu’il ne faut pas oublier que le monde de l’édition est un domaine riche de métiers. Quand on est arrivés en DUT, je pense que quasiment tout le monde voulait devenir éditeur. Cependant, il y a énormément de métiers différents dans toute chaîne du livre qui va de libraire jusqu’à la maison d’édition en passant par la fabrication, la distribution, la diffusion… Il ne faut pas oublier ça et ne pas hésiter à chercher et à tester différents domaines.

Propos recueillis et article rédigé par Sophie Bouchet, direction de la communication, Université Bordeaux Montaigne.

En quête d’un grand peut-être

Au début de Qui es-tu Alaska ? (John Green, 2007), le héros, Miles, quitte le domicile familial. « Pourquoi ? » demandent ses parents à qui il répond : « François Rabelais, le poète, a dit sur son lit de mort : “Je pars en quête d’un Grand Peut-Être.” Voilà ma raison. Je ne veux pas attendre d’être mort pour partir en quête d’un Grand Peut-Être. »

Ce « Grand Peut-Être », c’est celui de l’adolescence, ce moment très intense durant lequel tout est encore possible. Par extension, c’est aussi celui de la littérature ado, une littérature de l’intensité, des premières et dernières fois. Une littérature qui s’autorise les grands sentiments grâce aux plus banales des histoires ou aux plus épiques des quêtes.

En quête d’un grand peut-être invite à l’exploration de ce paysage littéraire grâce à plusieurs entrées : historique, liste des romans incontournables, réflexions thématiques, portraits de personnalités… Il s'accompagne de dix nouvelles inédites de dix auteurs et autrices reconnu·e·s (Clémentine Beauvais, Anne-Laure Bondoux, Marie Desplechin...). Ce livre de référence a pour but de donner les outils et les pistes balisées pour arpenter une littérature au moins aussi riche à défricher que n’importe quel territoire littéraire…

En quête d’un grand peut-être s’adresse aux passionné·es comme aux curieux·ses, aux lecteur·rice·s et aux professionnel·les.

En quête d’un grand peut-être - lien externe
224 pages
Prix :17,50€
ISBN : 978-2-9573287-0-3
Déjà disponible dans les bibliothèques de l'université - lien externe