Sur quoi portent vos travaux de recherche, et quels en sont les principaux enjeux ?
Mes travaux de recherche se concentrent principalement sur les nouvelles formes d'expression de la violence en ligne, ainsi que sur les mécanismes sous-jacents qui les accompagnent, en particulier dans les discours d'influence et de manipulation. J'ai dirigé deux programmes de recherche : le premier CIEL (2017-2020) a exploré des méthodologies innovantes utilisant la gamification comme vecteur d'immersion, tandis que le second, CyberNeTic (2020-2024), a accompagné les pratiques professionnelles de la Gendarmerie Nationale. Ce programme visait à formaliser des questionnements scientifiques sur les pratiques de cyberharcèlement, afin de mieux comprendre les nouvelles formes de violence numérique, d’identifier les comportements spécifiques associés à ces phénomènes et de développer des dispositifs numériques innovants. Ces derniers ont pour objectif, dans un premier temps, de renouveler les méthodologies d'intervention et, par la suite, de proposer des solutions de prévention plus efficaces. Par exemple, le livre en open access, résultat de ce programme de recherche, est destiné à tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de ces comportements cybercriminels. Il offre une analyse scientifique détaillée de plus de 40 formes de cyberviolences et constitue une ressource gratuite précieuse pour les professionnels et chercheurs impliqués dans ces problématiques. Découvrir le livre
Quels sont vos projets à venir ?
Dans la continuité de CyberNeTic, qui se consacre à la cartographie et à l’analyse des violences numériques, je souhaite lancer un nouveau projet de recherche intitulé VIDOCQ. Ce projet ambitieux a pour objectif de relever les défis croissants des cybermenaces en développant des solutions concrètes et innovantes pour les anticiper, les détecter et les contrer. VIDOCQ repose sur une collaboration inédite entre les forces de l’ordre, le système judiciaire, les entreprises privées, les collectifs citoyens et le monde académique, afin d’explorer des approches de pointe pour transformer ces défis en réelles opportunités. Au cœur de la démarche scientifique, l'exploitation avancée des outils de renseignement open source (OSINT) joue un rôle clé. Ces technologies permettent de collecter et d'analyser en temps réel des données issues de sources publiques accessibles. L'utilisation stratégique de l'OSINT soutient non seulement les enquêtes criminelles (tout particulièrement des cold cases), en identifiant des pistes inédites, mais elle assure également une veille proactive pour détecter les innovations technologiques et les vulnérabilités émergentes.