Marlène Dulaurans récompensée du prix de la Femme Cyber Chercheuse

Marlène Dulaurans, Maîtresse de conférence en sciences de l'information et de la communication à l'Université Bordeaux Montaigne a remporté le prix de la Femme Cyber Chercheuse, décerné par le CEFCYS, à l'occasion des Trophées Européens de la Femme cyber  #EuropeanCyberWomenDay, le 10 décembre 2024. 

Le CEFCYS (CErcle des Femmes de la CYberSécurité) (lien externe) est une association dont le principal objectif est de promouvoir et faire progresser la présence et le leadership des femmes dans les métiers relatifs à la cybersécurité. Le Trophée Européen de la Femme Cyber #EUROPEANCYBERWOMENDAY permet de célébrer des femmes au parcours et aux réalisations remarquables à travers toute l’Europe dans le domaine de la cyber sécurité.

Rencontre avec Marlène Dulaurans

Quel est votre parcours ?
Après avoir soutenu une thèse de doctorat CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche), réalisée au sein de la délégation aux affaires européennes et internationales du Conseil Régional de la Nouvelle-Aquitaine, j'ai poursuivi mon parcours avec deux post-doctorats à l'Université de Poitiers et à l’Université de Lorraine, où j'ai concentré mes recherches sur l'analyse de discours. En 2015, j'ai intégré l'Université Bordeaux Montaigne en tant que Maître de Conférences en sciences de l'information et de la communication (laboratoire du MICA (lien externe)), au sein du département des Métiers du Multimédia et de l’Internet de l'IUT Bordeaux Montaigne (lien externe), que j'ai eu le privilège de diriger pendant plusieurs années. J'ai également approfondi mes connaissances en obtenant un diplôme en psychopathologie criminelle. Plus récemment, en 2024, j'ai eu le plaisir de créer et de lancer le premier Diplôme Universitaire en cybercriminologie (lien externe), un programme novateur en France que je suis fière de piloter. Ce programme, à la croisée des pratiques et des savoirs, a pour objectif d'approfondir la compréhension des phénomènes cybercriminels et de leurs enjeux humains. Parallèlement, je suis réserviste citoyenne de la Gendarmerie Nationale depuis plusieurs années, au grade de colonelle, au sein de la section Cyber et Projection. Dans ce cadre, je participe activement à des missions de lutte contre les cybermenaces et les violences en ligne, des enjeux cruciaux dans le contexte actuel.

Crédit photo : CEFCYS

Sur quoi portent vos travaux de recherche, et quels en sont les principaux enjeux ?
Mes travaux de recherche se concentrent principalement sur les nouvelles formes d'expression de la violence en ligne, ainsi que sur les mécanismes sous-jacents qui les accompagnent, en particulier dans les discours d'influence et de manipulation. J'ai dirigé deux programmes de recherche : le premier CIEL (2017-2020) a exploré des méthodologies innovantes utilisant la gamification comme vecteur d'immersion, tandis que le second, CyberNeTic (2020-2024), a accompagné les pratiques professionnelles de la Gendarmerie Nationale. Ce programme visait à formaliser des questionnements scientifiques sur les pratiques de cyberharcèlement, afin de mieux comprendre les nouvelles formes de violence numérique, d’identifier les comportements spécifiques associés à ces phénomènes et de développer des dispositifs numériques innovants. Ces derniers ont pour objectif, dans un premier temps, de renouveler les méthodologies d'intervention et, par la suite, de proposer des solutions de prévention plus efficaces. Par exemple, le livre en open access, résultat de ce programme de recherche, est destiné à tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de ces comportements cybercriminels. Il offre une analyse scientifique détaillée de plus de 40 formes de cyberviolences et constitue une ressource gratuite précieuse pour les professionnels et chercheurs impliqués dans ces problématiques. Découvrir le livre

Quels sont vos projets à venir ?
Dans la continuité de CyberNeTic, qui se consacre à la cartographie et à l’analyse des violences numériques, je souhaite lancer un nouveau projet de recherche intitulé VIDOCQ. Ce projet ambitieux a pour objectif de relever les défis croissants des cybermenaces en développant des solutions concrètes et innovantes pour les anticiper, les détecter et les contrer. VIDOCQ repose sur une collaboration inédite entre les forces de l’ordre, le système judiciaire, les entreprises privées, les collectifs citoyens et le monde académique, afin d’explorer des approches de pointe pour transformer ces défis en réelles opportunités. Au cœur de la démarche scientifique, l'exploitation avancée des outils de renseignement open source (OSINT) joue un rôle clé. Ces technologies permettent de collecter et d'analyser en temps réel des données issues de sources publiques accessibles. L'utilisation stratégique de l'OSINT soutient non seulement les enquêtes criminelles (tout particulièrement des cold cases), en identifiant des pistes inédites, mais elle assure également une veille proactive pour détecter les innovations technologiques et les vulnérabilités émergentes.

Que représente pour vous l'obtention de ce prix ?
L’obtention de ce prix représente pour moi bien plus qu’une simple reconnaissance personnelle. C’est avant tout un encouragement à poursuivre mon travail dans un domaine où la présence féminine reste encore insuffisante. La cybercriminologie est une discipline en pleine construction en France et recevoir ce prix d’un comité aussi prestigieux que le CEFCYS, vient légitimer les recherches que je mène sur les violences numériques depuis de nombreuses années. La diversité et l’inclusion doivent demeurer des priorités dans nos pratiques professionnelles. Pour cela, il est essentiel de développer des approches novatrices, collaboratives et interdisciplinaires pour répondre aux enjeux actuels de la cybersécurité. Cette reconnaissance de mes pairs me pousse à continuer à explorer des solutions inédites face à de tels défis. J'espère que mon parcours pourra, modestement, encourager d'autres jeunes femmes à s'engager dans la recherche scientifique, en particulier dans les sciences humaines et sociales, afin de trouver de nouvelles réponses pour mieux accompagner les victimes de ces cyberviolences.

Crédit photo : CEFCYS

Découvrez un portrait vidéo de Marlène Dulaurans

Présentation de son nouveau livre " Violences en ligne : décrypter les mécanismes du cyberharcèlement" sur la chaîne Youtube de la Maison des Sciences Humaines Bordeaux (lien externe)