Le mot "diaspora" et la mise en récit de l'esclavage Conférence DiANA T

La Chaire Diasporas africaines et transculturalité (DiANA T) reçoit Christine Chivallon, géographe et anthropologue, pour une réflexion autour des usages du mot « diaspora » pour qualifier l'expérience humaine issue de la matrice esclavagiste aux Amériques.

Le mercredi 18 décembre à 17h 
à l'IUT Bordeaux Montaigne [Amphi 2], 
1, rue Jacques Ellul, Bordeaux 

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

Christine Chivallon (lien externe) est géographe et anthropologue directrice de recherche au CNRS, rattachée au Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales (LC2S).

Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’une série d’évènements scientifiques proposés par la Chaire DiANA T (lien externe) [Diasporas Africaines en Nouvelle-Aquitaine & Transculturalité] de l’Université Bordeaux Montaigne, financée par la Région Nouvelle-Aquitaine, et rattachée au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM – UMR 5115).

Les échanges seront introduits par Sylvère Mbondobari (lien externe), professeur de littérature francophone à l'Université Bordeaux Montaigne (Laboratoire Les Afriques dans le Monde) et titulaire de la Chaire DiANA T. 

Mots d'introduction de la conférencière :

"   Le propos de cette conférence sera consacré aux usages du mot « diaspora » pour qualifier l’expérience humaine issue de la matrice esclavagiste aux Amériques, matrice où s’accomplit la déshumanisation des personnes d’origine africaine mises en esclavage. Tout au long des années 1990-2000, ces usages se complexifient quand la notion de « diaspora » fait l’objet de débats en phase avec l’émergence des courants postmodernes et postcoloniaux.

     Les approches des sociologues Paul Gilroy et Stuart Hall viennent bousculer une vision classique de la « diaspora africaine » fortement associée à des identités racinaires restées reliées à l’Afrique en ayant transcendé l’horreur de l’esclavage. Ces nouvelles approches se consacrent plutôt à développer une tout autre conception où se précise l’idée d’hybridité dégagée d’attributs territoriaux, ethnicistes et essentialistes. D’autres perspectives, comme celles d’Edouard Glissant, ouvrent quant à elles sur un univers où la dépossession violente depuis l’Afrique éradique l’idée de continuité et prolonge la perte dans les espaces clos de la plantation.

     Ces débats, même s’ils paraissent aujourd’hui propres à une « période paradigmatique » datée, conservent cependant une actualité d’où ressort la permanence de questions qui mettent en jeu le rapport constitutif à l’expérience de la traite et de l’esclavage pour les membres de la « diaspora » en tant que producteurs de récits où « l’Afrique et l’esclavage » - selon l’expression de l’anthropologue David Scott – « sont différemment mis en usage » et donnent lieu à une « pluralité discursive ».

     Cet ensemble discursif dont l’usage différencié du mot « diaspora » permet de cerner les contours forme également le point d’ancrage le plus déstabilisant de la critique de la modernité occidentale en révélant d’une manière ou d’une autre l’ampleur de la barbarie du projet sur lequel elle s’est édifiée.  " 

La Chaire d’excellence DiANA T. est un dispositif de recherche financé par la Région Nouvelle-Aquitaine, hébergé par l’Université Bordeaux Montaigne (UBM) et rattaché au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM). Portée par deux enseignants-chercheurs de l’UBM -M Sylvère Mbondobari, professeur de littérature francophone, et M Sylvain Racaud, maître de conférences en géographie-, cette Chaire a pour objectif d’étudier scientifiquement les enjeux que la présence de diasporas implique dans l’expression de la diversité culturelle, sociale et politique. Les travaux de celle-ci s’articulent autour de 4 axes de recherche structurants : 1. Identités socio-culturelles et politiques identitaires, 2. Médiatisation et appropriation médiatique des diasporas, 3. Pratiques artistiques, culturelles, et interculturalité, 4. Alimentation. La présence conférence s’inscrit dans l’axe 4. De plus amples informations sur la Chaire sont consignées dans le carnet de recherche hypotheses : https://dianat.hypotheses.org/

Contact : Baptiste Coué, chargé de projet Chaire DiANA T. – diana-t (lien externe)@u-bordeaux-montaigne.fr